L’ONU est-elle toujours utile ?

Article rédigé par Deborah Weill.

L’ONU est-elle toujours utile ? 

Nous vous avons posé en début de semaine la question de savoir si pour vous, l’ONU nous était toujours aussi utile qu’à sa création. A cette question 35,9% d’entre-vous ont répondu « Non ». Une minorité non négligeable d’une cinquantaine de personnes qui mérite que l’on s’y intéresse.

L’ONU est une organisation qui a pour but de maintenir la paix et la sécurité internationale tout en aidant à l’amélioration économique et sociale de chaque pays. Une mission d’une telle envergure qu’il paraît impossible de la caractériser « d’inutile ». Ainsi, pour mieux comprendre vos doutes, nous vous avons demandé quelles étaient pour vous les principales faiblesses de l’ONU. 

Nombre d’entre vous ont ainsi reproché à l’ONU son organisation obsolète, allant jusqu’à parler de son incapacité à se maintenir « à la mode ». Vous avez surtout mentionné le conseil de sécurité, en affirmant qu’il n’était pensé ni d’une façon moderne, ni d’une façon démocratique. En effet, L’ONU compte bien un conseil de sécurité au centre de toutes les attentions : seuls les cinq membres permanents de ce conseil possèdent un droit de veto permettant de s’opposer à toute décision proposée par l’organisation. Certains d’entre vous ont ainsi constaté que des pays comme le Japon, l’Inde, ou encore aucun pays représentant du continent Africain ne font partis des membres permanents. Ce constat est d’ailleurs suivi de reproches, montrant que l’ONU dans ses décisions, favorise la position de certaines grandes puissances, en écartant sciemment le reste du monde des véritables décisions.

Il nous faut ajouter que certains d’entre vous nous ont confié que l’ONU ne pouvait plus être utile au regard de présence de pays dirigés par des dictateurs aux valeurs oxymorique des nôtres. Vous nous avez affirmé que l’ONU nous prouve n’avoir plus aucune force en acceptant de tolérer des actes, des valeurs ou des lois contraires aux principes de l’organisation, sans prendre de sanctions à l’égard des pays qui en sont à l’origine. 

Nous l’avons bien compris, vos reproches sont majoritairement fondés, et il nous est difficile de vous contredire sur chacun de ces points, pour vous prouver que l’ONU reste et demeure fondamentalement utile. Nous étions certains que malgré vos critiques adressées au fonctionnement immédiat de l’ONU, il ne vous était pas impossible d’admettre son utilité. Ainsi nous vous avons aussi demandé quelles étaient les forces de l’ONU. Vous nous avez tous affirmé : « Oui, l’ONU est utile, car elle permet l’échange ! »

L’organisation est majoritairement méconnue du grand public, et n’est souvent décrite que par des préjugés, et des stéréotypes sortis de leurs contextes. Pourtant ce qu’il faut retenir, et ce qu’il faut mettre en lumière, c’est la dimension d’échange qui se trouve au cœur de la pensée de l’ONU. La communication est essentielle et l’ONU se montre toujours capable de favoriser, encourager et soutenir cette condition nécessaire au progrès. 

On ne peut certainement pas reprocher à l’ONU de compter parmi ses membres des pays qui pratiquent des actions que l’on pense être aux antipodes des valeurs des nations unies. Compter parmi ses membres un dictateur est également un moyen d’assurer la sécurité internationale et surtout une forme d’égalité en droit. Ce n’est pas le dirigeant qui définit l’entièreté de son État. Son peuple, ses terres, ses ressources comptent aussi, et l’ONU doit pouvoir les défendre en gardant des opportunités d’échanger et de communiquer avec les dirigeants en question. 

En réalité, le scepticisme global quant à l’efficacité de l’ONU peut être attribué à la mauvaise volonté des dirigeants dans la pacification de l’organisation du monde. L’ONU n’a pas le pouvoir de maintenir la paix en tout temps et en tout lieu, mais elle agit, en fonction de ses moyens pour tenter de la faire prospérer. Elle est tout simplement indispensable dans ce contexte de rupture imminente. 

L’ONU n’est aussi pas responsable des nombreux crimes qui sont commis à l’encontre des droits de l’Homme, de la liberté et du bien être des peuples. Sa diversité, le caractère internationale de son existence, oblige des personnes idéologiquement opposés à se réunir autour d’une table et à échanger dans le respect des moeurs d’autrui. 

Si l’on fait preuve d’ethnocentrisme, alors dans ce cas, oui l’ONU n’est pas assez exigeante en terme de respect des droits humains tels qu’ils sont entendus en France. Mais si l’on essaye d’analyser les actions menées aux regard de la situation des Etats concernés, l’ONU réussit parfois de grandes victoires qui n’auraient été envisageable quelques années auparavant. Et lorsque l’action n’est pas immédiatement possible, l’ONU sait faire pression sur certains états, et forcer l’échange et la discussion à voir le jour. 

De plus, il ne faut surtout pas oublier les nombreux programmes que l’ONU à sut diriger pour améliorer dans l’immédiat les conditions de vie de certaines personnes et surtout dans un objectif de développement durable, celle des générations futures. Ces programmes ont à ce jour permis la construction de nombreuses infrastructures, de faciliter l’accès aux soins et à la nourriture pour des personnes dans le besoin. 

Grâce aux casques bleu également, certaines tensions et certains conflits sont évités. L’ONU veille à maintenir l’échange, même au cœur des lieux de tensions, là où le discours n’est souvent déjà plus envisagé. En somme, la mission d’échange et de discussion est bien souvent remplie et réussie par l’ONU et ses membres. 

L’ONU n’est pas parfaite. Il y a peu de chance qu’elle le soit un jour. Elle doit se repenser en permanence et s’adapter à l’évolution des contextes géopolitiques, comme tout ce qui est propre à l’humanité. Son organisation est à moderniser, mais elle est essentielle dans la défense des notions de droit, de paix, et de bien être. Elle est également la seule organisation qui devra se montrer capable de penser la question écologique, car la transition ne se fera surement pas de façon individuel aux états. 

Cet article n’engage que son autrice.